EXPOSITIONS 2012


Notre espace d'exposition à La Friche Belle de Mai est en rénovation. En 2013, Marseille sera la capitale européenne de la culture. Dès octobre 2013 nous vous proposerons notre programmation artistique dans le nouveau bâtiment appelé le Panorama. En attendant, Triangle France s'est exporté à Toulouse, dans le cadre de l'échange entre Marseille expos et le réseau toulousain Pink Pong, et a présenté Ahram Lee pour l'exposition Marseille dessine Toulouse.

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AHRAM LEE À MARSEILLE DESSINE TOULOUSE
Vernissage le 13 novembre 2012 à l'Espace Croix-Baragnon, 24 rue Croix-Baragnon 31000 Toulouse
Exposition du 8 au 15 novembre 2012 dans le cadre de GRAPHEINE IV, saison du dessin contemporain
www.marseilleexpos.com


Ahram Lee, de l'équateur au pôle nord, 2011, Marseille, dessin à la règle au crayon 4B sur papier canson, 75 x 540 cm. Courtesy de l'artiste ©Ahram Lee

D’un commun désir, Pinkpong et Marseille expos lancent un échange entre leurs deux réseaux, leurs membres et leurs publics. En novembre 2012, le réseau toulousain invite les structures de Marseille expos à investir les espaces d’exposition de Croix-Baragnon dans le cadre de la quatrième édition de Graphéine. Triangle France y présente la jeune artiste marseillaise Ahram Lee.

Ahram Lee est une artiste coréenne installée en France depuis dix ans. Par un travail elliptique et minimal, elle a su éviter les pièges des représentations identitaires aux accents souvent trop politiques, psychologiques et littéraux engendrés par cette migration. Ses pièces, sans doute en réaction à notre culture occidentale, refusent tout attachement à la matière. C'est de temps et d'expérience, dont il est question dans le travail d'Ahram. Elle sait transposer par des objets ou des mots, toujours en attente de lecture et d'appropriation, la nécessité du temps de mutation pour arriver à une traduction parfaite et sereine.
Si le langage a une place pré-dominante, il ne devient jamais traduction de ce travail que l'on ne comprend pas « du premier coup d'oeil. » Elle se joue du sens et se contredit pour, une fois encore, nous éloigner de l'étiquetage rassurant usuel.
Elle crée des expériences où cette potentielle re-fonctionnalisation n'existe que si elle en offre le mode d'emploi. Le partage de son point de vue avec le lecteur est incontournable.
Cette oscillation entre deux latitudes, présente dans la pièce De l'équateur au pôle nord, ne montre aucune préférence entre la première et la deuxième latitude : le crayon souligne ici la quête permanente et contradictoire du repère. « Ne pas perdre le Nord » comme les aiguilles des boussoles de Turn the table pour mieux s'en détacher et assumer par la même un choix forcément riche d'expériences opposées.

Alexandra Lécuiller

Le site d'Ahram Lee

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LES POSSÉDÉ(E)S
Exposition du 3 mai au 2 juin 2012
Vernissage mercredi 2 mai 2012 à 18h30
Hors-Les-Murs / HLM, 20 rue St Antoine, 13002 Marseille

Avec des oeuvres de Tim Braden, Sophie Bueno-Boutellier, Cécile Dauchez, Guillaume Gattier, Theo Michael, Lidwine Prolonge, Fabrice Samyn, Analia Saban et Jocelyn Villemont.



Sophie Bueno-Boutellier, Oursin fossile, 2009, terre, bois, plâtre, laiton, branche peinte, fil, taille variable
Collection Ginette et Guillaume Houzé, Paris, courtesy de l’artiste, photo : Alexis Zavialoff

L’exposition « Les Possédé(e)s » propose d’observer l’œuvre d’art comme le lieu de la négociation entre deux voix dissonantes, celle du monde et celle de l’artiste, à travers l’allégorie du médium. Le médium, personne « capable de percevoir les messages des esprits des défunts », réalise la prouesse de pouvoir parler pour autrui, à charge bien entendu d’en convaincre son public. Il se confronte à la difficulté de retranscrire le plus humblement possible ces voix qui lui sont étrangères : mais ce faisant, il construit paradoxalement une pratique d’auteur, l’éloignant de son simple rôle de serviteur.

La question n’est alors pas tant de savoir si le médium dit vrai, que de comprendre par quels moyens et par quelles stratégies il met en œuvre son discours. La chimère d’une vérité artistique objective a été globalement écartée depuis les années 60: depuis, l’art cherche plutôt à restituer la complexité croissante de nos subjectivités, face à la déliquescence d’un ordre mondial jadis unique. L’artiste s’affirme comme une sorte de traducteur d’expériences, dont seule la virtuosité peut permettre de juger de sa position d’imposteur ou de démiurge, à l’image d’un médium particulièrement possédé par les esprits qui l’animent.

Pour l’exposition ont été choisies des œuvres qui témoignent de cette tension auteur / serviteur : la parole de l’artiste joue à cache-cache avec ce dont il se réclame. Héritiers d’une histoire de l’art séculaire (Analia Saban, Theo Michael), observateurs des civilisations (Jocelyn Villemont, Tim Braden), portes-paroles critiques de sociétés secrètes (Lidwine Prolonge, Guillaume Gattier), agnostiques mystiques (Sophie Bueno-Boutellier, Fabrice Samyn) ou numériques (Cécile Dauchez), les artistes, tels des possédé(e)s, s’expriment souvent pour quelque chose ou quelqu’un d’autre, mais finissent toujours par avoir le dernier mot. Quand dans l’œuvre, point culminant de la schizophrénie médiumnique de l’artiste, arrivent à se combiner subjectivité et vérité universelle jusqu’à l’indifférenciation, elle fait alors taire le temps d’un instant, le violent larsen de nos dissemblances.

Dorothée Dupuis

Consultez la revue de presse.

Vues de l'exposition ici

Photos du vernissage ici