SESSIONS 2009 RETOUR

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Emmanuelle Lainé (FR)
vit et travaille à Paris, France.

"Emmanuelle Lainé fait un art de fiction, au même titre que l'on parle de « science-fiction ». Il n'est pas tout-à-fait étonnant, pour cette raison, que cet art se donne moins « là » que comme l'indice d'un ailleurs : les photos qu'elle expose à la galerie sont des vues de son atelier et des sculptures éphémères qu'elle y a réalisé dernièrement.
La science-fiction est un genre littéraire spécifique au XXe siècle, mais à leur façon, les beaux-arts ont accompagné cette invention littéraire depuis ses débuts : l'art d'avant-garde contemporain de ce nouveau genre se projetait lui aussi dans le futur, il se voulait la préfiguration d'un monde à venir, ou une extrapolation plastique des spéculations mathématiques les plus audacieuses de l'époque (les « n » dimensions, par exemple). Au fur et à mesure que le futur est devenu une fantasmagorie obsolète, l'art s'est tourné vers d'autres ailleurs – uchronies, hétérotopies, …"
Vincent Pécoil


Emmanuelle Lainé, Doline, 2010, détail, production 40m3

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Charlotte Cochelin (FR)
vit et travaille à Paris, France.

Mes projets sont imprégnés de l'histoire du territoire guyanais, de ses identités et de ses communautés multiples : le métissage des cultures, des traditions, des savoirs-faire, mais aussi le conditionnement, la soumission, la perfusion puis enfin l'alternative, la résistance, la révolte. de voyages en rencotres je me suis interréssé à des modes de vies originaux, à des culturs populaires et à des identités rebelles. de là est né un intérêt pour un art engagé minimal à l'image d'un contexte économique et social visiblement mondial.
Ma pratique au croisement du dessin, de la sculpture et de l'architecture se manifeste sous forme d'interventions plastiques aussi bien dans l'espace urbain que rural. entre performance et art de rue les actions que je mène sont une forme d'activisme et tendent à interroger plusieurs notions : le conditionnement de l'espace privé dans l'espace public, le territoire comme lieu de création, d'exposition et d'apparition de l'art, la relation d'une œuvre à un public dans sa plus large définition." CC


Charlotte Cochelin, Home sweet home #13, Projet de construction dans l'espace public, matériaux de récupération/ 15m2, Tourcoing, 2008

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Kara Uzelman (CA)
vit et travaille au Canada.

"Les assemblages de Kara Uzelman pourraient paraître étranges si nous ne connaissions à l’avance un de leurs composants essentiels : les phénomènes invisibles. Des codes secrets passés par les sémaphores de Chappe (des mâts terminés de bras articulés servant, de la révolution française au milieu du XIXème siècle, à envoyer des signaux à travers la France), aux ondes FM pirates en passant par l’attraction mystique des assemblages de monolithes inuits, une partie du travail de cette artiste passe par des éléments qui échappent à tous nos sens.
Pourtant, nous sommes confrontés à une sculpture. Et si, à croire les commissaires d’exposition et les artistes, l’équilibre incertain de ses masses produit des ondes particulières, si le mixage de certains de ses matériaux produit des essences aux vertus inédites, Kara Uzelman pourrait bien nous montrer une science et une technique qui défient l’imagination : le lieu exact où le savoir remplace l’expérimentation, où la théorie remplace le concept."
Damien Airault


Kara Uzelman, Fire Watcher, 2007-09, Installation

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Adrien Vescovi (FR)
vit et travaille à Paris, France.

"La pratique de Vescovi est [...] à l'art ce que ce gosse insupportable est à l'humanité en général : une pirouette sans importance capable de poser des questions judicieuses et cruciales, derrière la posture de l'histrion. Vescovi se met en jeu comme un alpiniste de l'absurde sur ce qu'il nomme ses Junks playgrounds (1 & 2, 2010), terrains de jeux improvisés avec les matériaux du bord et bien trop dangereux pour les enfants : ce Koh Lanta du pauvre assumé sert de théâtre à un roulement de mécanique enfantin de la part du performeur, mis en scène dans sa beauté de garçonnet, marcel blanc et tout muscles dehors, commentaire dérisoire sur la place de l'artiste, à mi-chemin entre idole et bête de foire. L'écran de fumée, métaphore assumée de la fumisterie s'il en est, est un motif récurrent chez Vescovi : quand il ne prétend pas à carrément incarner une authentique scène de guerre (Remake, 2008), il créée une inquiétude assez vite dévoilée comme étant le produit d'un tour tout à fait inoffensif devenu crédible à la faveur d'un décor particulièrement bien choisi (Stupid White Men, 2011), quand il n'obstrue pas malicieusement les architectures classiques de paysages issus de puzzles niveau 9-13 ans, ce qu'on pourrait là encore voir comme un commentaire ironique sur l'obsession de l'architecture touchant à peu près la moitié des plasticiens hommes en activité (La dernière pièce, 2010)."
Extrait du texte Salle gosse de Dorothée Dupuis


Adrien Vescovi, Vanishing Point, 2009, Dessin, graphite sur papier, 150 x 577 cm.

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Tim Braden (UK)
vit et travaille à Londres, Royaume Uni.

Suite à une résidence à la Rijksacademie à Amsterdam, nous avons eu la chance d'accueillir Tim Braden dans nos ateliers en 2009. Son travail s'articule autour de la figure de l'explorateur, de l'aventurier jouant avec un vocabulaire et un imagier exotique. Il reconstitue une mémoire soit-disant fictive en utilisant tout détail pouvant provoquer une réminiscence, prenant soin de conserver un flou nostalgique et une authenticité délavée par le temps.


Tim Braden, Baltica, 2004, Still from super 8mm film, 3.04min

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Marc Dittrich (DE)
vit et travaille à Stuttgart, Allemagne

Son travail s’élabore en rapport à la ville et sa banlieue, dans les thèmes comme dans le choix des matériaux. Il est en lien étroit avec la déambulation en ville, se cale sur son activité, son rythme. S’établissent alors différents jeux avec les architectures et paysages : trompe l’œil, jeux d’échelle, de mise en abîme. Il utilise des objets du quotidien (mobilier urbain ou de la maison), des rebus de matériaux, aussi bien en photographie et vidéos, ou projections. C’est un travail qui cherche à questionner le réel.


Marc Dittrich, From the Series Häuser, 2007,(Installation, Photography)

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Anne Lise Le Gac (FR)
vit et travaille à Paris, France.

Ses performances n’incluent pas forcément les spectateurs. Elles lui permettent d’avoir le contrôle sur l’action et aussi sur le public. Ce contrôle se fait à la fois par la manière de se mettre à l’écart, mais aussi par le rapport au sens de la « quête » que l’action peut représenter. « Le mode performatif procure une sorte de distanciation entre l’identité et sa représentation ».
Son travail consiste souvent en la construction du lieu de l’action elle-même, avec une opacité volontaire des limites entre vie et travail, dedans et dehors, caché et montré. L’importance est donnée au geste, au dépassement de soi par le « sport », la danse, la construction. L’aspect physique est fort. « C’est avec l’approche de la danse sous diverses facettes que je peux en performance penser plus précisément le geste. »


Anne Lise Le Gac, Dessin préparatoire pour la performance Bravo cocktail du 25 novembre 2009 à la galerie de la Friche Belle de Mai

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Dominique Gilliot (FR)
Née en 1975, vit et travaille à Lille.

« Le travail performatif que j’ai peu à peu construit depuis 5 ans consiste en une mise en scène de moi-même (parfois, d’autres interprètes viennent s’ajouter) dans des performances que je conçois comme des investissements corporels éphémères coulés dans un réseau multiple et compliqué de micro territoires enchâssés, connexes ou juste contigus (je parle ici d’une territorialisation physique, qui peut être purement géographique, mais qui se manifeste aussi « abstraitement”, dans le champ sémantique, par exemple, ou par des glissements de tous ordres, d’une idée à une autre, et qui peut brutalement mettre en connivence deux éléments à première vue étrangers). Des recoupements s’effectuent parfois, et une contamination de ces différents espaces, par capillarité ou par rapprochements arbitraires se fait alors jour. »


Dominique Gilliot, 48°4” N, 2°23 “E, Bétonsalon, paris 13ème, 9 avril 2008.

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Androa Mindre Kolo (CG)
Né en RDC en 1983, vit et travaille à Kinshasa.

"Ma formation en architecture d’intérieur à l’Académie des Beaux Arts de Kinshasa m’a donné des outils pour comprendre l’espace et j’ai pu facilement transposer les concepts acquis dans les domaines de la scénographie telle qu’elle est enseignée à l’école de Strasbourg.
Lorsque j’ai découvert l’existence de la performance, lors du premier séjour d’un enseignant de l’école des arts déco de Strasbourg, Jean-Christophe Lanquetin, j’ai immédiatement pu concentrer mes expériences et mon savoir dans cette nouvelle discipline.
Depuis 2005 tout mon travail personnel s’est développé dans ce sens, mais les différents stages m’ont permis de renforcer la conception de mes actions performatives en les différenciant clairement, à la fois du théâtre et de la danse.
Le travail vidéo est venu dans un premier temps pour enregistrer mes actions, puis il a acquis une autonomie. Certaines fois il est un des éléments de la performance, pendant la performance. J’ai également pu concevoir avec exigence la construction d’espaces, proches d’un décor, qu’il faut comprendre davantage comme des objets symboliques ou des accessoires. Mon DNSEP à Strasbourg est une sorte d’aboutissement de toutes ces expériences."


Androa Mindre Kolo, L’esclave enchaîné, Mai 2005, ABA, Kinshasa, RDC

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Lynette Yadom (EN)
Née en 1977 à Londres, vit et travaille à Londres.

« Mon travail se réfère à la tradition du portrait Européen. La nature du medium et la façon dont il doit être travaillé alimente mon travail et génère mes idées. Il est important que le sujet ou le thème se détache de l’acte de peindre en lui-même, que tout ne soit pas d’ores et déjà acquis ou planifié. Je trouve que peindre est vraiment une chose difficile, mais je pense que c’est cette difficulté le catalyseur. Je commence à saisir le moyen d’accéder à une certaine force dans les peintures. Je tente de développer une sensibilité qui implique la beauté. La beauté dont je parle n’est ni passive ni douce. Je pense à l’altérité mais pas en termes de célébration primaire. Je ne vois pas mon travail comme prosélyte. Aucun de ces personnages ne sont des héros ni des victimes. J’essaye de les amener à la vie sans cruauté ni fascination gratuite. J’aime l’idée qu’ils existent juste. »


Lynette Yadom, Magret de Canard, 2005, Oil on linen, 213 x 162.5 cm, Private Collection, Israel