SESSIONS 2008 (RETOUR)
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Cigdem Mentesoglu (TR)
Vit et travaille à Ankara.
en résidence d'avril à juillet 2008

Cigdem Mentesoglu contemple le quotidien, aime se perdre dans la diversité des souvenirs, des expériences, des relations entre les gens. Sa résidence à la Friche lui a permis d’expérimenter de nouvelles directions. Les préoccupations qui l’habitaient s’enrichissent tandis qu’elle explore de nouveaux territoires, physiques et mentaux. Ses œuvres s’étoffent aussi. L’artiste mêle en effet dans une même œuvre, peintures, dessins, collages, elle travaille sur des toiles, du papier, opaque et transparent, des sacs de gravats, elle explose ses formats, ses cadres, propose des mises en espace de ses pièces et ré-invente ainsi un espace propre où l’intimité et les corps sont exhibés, en mouvement. Le corps de l’artiste aussi est en perpétuel mouvement. On peut aisément le saisir en contemplant ses œuvres, où les traits francs et continus du dessin sont comme dissout par la couleur, souvent crue, la matière. Elle engage un combat avec le médium, s’accroche à son crayon comme elle s’accrocherait à la réalité. Elle gratte ses toiles, ajoute de la matière, colle, tourne autour des corps en tension qu’elle place dans des environnements sombres, angoissants. L’artiste nous donne à voir une œuvre critique, en prise avec le monde, une oeuvre sensuelle et onirique, une œuvre expressionniste, où l’acte créatif semble la libérer de ses rêves et désirs inconscients.


Cigdem Mentesoglu, Untitled / the cycle of Monologue, 2008, ink, collage and oil on canvas, 40 x50 cm

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Anna Fasshauer (All)
Née en 1975. Vit et travaille à Berlin.
en résidence d'avril à juillet 2008

Anna Fasshauer travaille la sculpture à partir d'une technique propre au collage, s'inspirant d'un corpus d'images d'architecture découpées dans la presse ou trouvées sur internet, jonglant entre figuration et abstraction. Elle s'amuse à créer des assemblages comme des maquettes à différentes échelles, inattendues voire obsolètes. Plus aucune évidence, ces structures utopiques peuvent être très grandes ou très petites, leur équilibre est déterminé par la force de gravité.
La brutalité et la simplicité des formes de ces sculptures-collage donnent ainsi une dimension et du relief à un espace irréel à priori dominé par une bidimensionnalité.
On pourrait dire de Anna Fasshauer qu'elle génère des accrétions : Anna capture et rend concret de la matière sous l'effet de la gravitation. Comme en astronomie, cette matérialisation a lieu lorsqu'un objet compact est situé dans un environnement de matière diffuse...comme les étoiles en formation.


Anna Fasshauer, Sozial Satelit, 2008

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Clark Walter (USA)
Né en 1983. Vit et travaille à Lawrence.
en résidence d'avril à juillet 2008

Tout d'abord, quelques mots de Clark:
«I am a white American male from Kansas, FUCK Y'ALL. This expression is what I represent in my painting, intaglio prints, and animation. I know I suck, because I know that I am an American, and I know that I am supposed to be ashamed of who I am and what my fore-fathers have done. It's from this pressure that I feel compelled to make work that experiments with America's absurd pride and stupidity. No imagery is off limits, nothing is too immature. You know why? Because I'm ignorant and dumb as most Americans are, the difference here is that I'm embracing it. I am the United States of America, balls-to-the-wall, bright colors, intense imagery, crude, and with a young sense of blind pride. It's not fancy, but it is in your face. These colors don't run. Everything is a stereotype and art is a faux-reality.»
Les thèmes de prédilection de l'artiste : le sexe, la violence, le pop, la publicité, le porno, la malbouffe à l'américaine, la religion, et leurs motifs récurrents tels que le pénis, le membre coupé, les épis de maïs saignants, les skull fuck, le ku klux klan, la télévision, les préservatifs multicolores, les croix vaginales chantantes et bien d'autres encore. Clark se fera un plaisir de vous faire la visite guidée du petit monde manichéen et coloré qui est en train de prendre forme dans son atelier, fait d'affiches de bus repeintes, de jouets mutants, de symboles détournés et d'animations blasphématoires, non sans rappeler une ambiance mi-grunge mi-mall caractéristique d'une schizophrénie chère à la représentation que nous autres européens nous faisons
souvent de l'Amérique.


Clark Walter, Get It Out Of Me, Animation Still

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Colombe Marcasiano (FR)
en résidence d'avril à juillet 2008

Qu’il s’agisse de modelages, d’installations ou de photographies autonomes, les œuvres de Colombe Marcasiano puisent dans le monde des objets et des choses qui nous entourent – fragments de nature, meubles, objets de décoration, assemblages provisoires et aléatoires que la déambulation dans les rues présente à qui sait les voir. Ces choses sont retrouvées par des processus internes de fabrication, plutôt qu’elles ne sont trouvées et imitées. La présence fragile de ses oeuvres entraîne parfois une certaine relation avec la peinture, ne serait-ce que par le rapport au mur qui souvent s’y impose.


Aperçu de son atelier lors de sa résidence à Triangle France

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Halida Boughriet (FR)
en résidence d'avril à juillet 2008

Halida Boughriet est une artiste contemporaine d’origine algérienne ,vivant et travaillant actuellement à Paris. Ancienne étudiante de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris, elle part étudier en section cinéma à la SVA ‘School of VISUAL ARTS’ à New York,jusqu’en 2005. La même année, elle obtient et expose le 1er Prix jeune créateur LVMH pour la Photographie « Attente du Verdict». Elle est l’auteur d’oeuvres diversifiées, de la performance pour aboutir aujourd’hui à la photographie, sculpture et vidéo. Ses travaux sont au croisement de la préoccupation esthétique, sociale et politique. Grâce à sa double culture occidentale et orientale, Halida fait émerger la question sur les pouvoirs et la violence des rapports humains. Elle nous donne la vision de l’homme dans son contexte politique et social, tout en préservant une poésie de la rencontre avec ces individus. A chacune de ses Pièces , elle met sous les projecteurs des individus laissés pour compte.


Halida Boughriet, Autoportrait, 2005 Projection vidéo, 3’, Couleur, Son

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Matthew Atkinson (UK)

Je choisis pour mes peintures certains bâtiments désaffectés. Au fil du temps, ils ont perdu leur identité originelle, sont devenu d’étranges terrains habitables. Inutiles et pourtant présents, ces résidus d’architecture peuvent être considérés comme des arrières-lieux s’évadant de notre conscience quotidienne pour s’accomplir dans leur absence (in)visible de notre environnement.
Mes peintures sont alors des évocations nostalgiques de ces bâtiments survivants, entre subsistance et existence. Leur effacement et leur délabrement sont pour moi autant d’intangibles indices de leur étrange beauté. Mon but est de capturer leur éphémère intimité, et de les sauver ainsi en les faisant basculer dans l’éternité de la peinture. Je cherche ainsi à dépasser notre conception normalisée de la beauté et à proposer une expérience esthétique alternative.


Matthew Atkinson, Kent & Essex: Esoteric Alchemy and Atonement, 2006-07

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Moussa Sarr (FR)
Né en 1984. Vit et travaille à Toulon
en résidence d'avril à juillet 2008

Moussa Sarr crée des fables contemporaines à travers l'utilisation de la vidéo et de la performance, en plan fixe et sans montage. Il utilise «la chose politique» qu'elles soulèvent, avec une ironie qui décape les vernis, qui ponce les poncifs. Il s'agit pour lui de spatialiser ces poésies et de les installer dans des dispositifs qui permettent de ne plus avoir besoin des mots pour les dire. Humour, violence et dérision sont les maîtres mots de son approche plastique tandis que la problématique de l'alter ego est à la base de ses préoccupations.


Moussa Saar, Le loup et l’agneau, Vidéo projection, 1’31 en boucle, 2008

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Yann Geraud (FR)

" What do you see from where you stand ? "
Cette phrase, extraite d'un morceaux de Tony Touch (Spoken Word, The Peacemaker 2, 2004), m'accompagne à chaque instant. Elle m'aide, me soutient, me conforte et me questionne toujours et encore. Tout d'abord parce qu'il s'agit de vision mais aussi de position, et finalement de point de vue.
Je ne peux ni ne veux donner une définition du monde dans lequel je vis, car définir implique la fin, l'arrêt et le non-mouvement. Je veux par contre essayer de le circonscrire, l'encercler, de l'approcher de biais avec les formes que je crée. C'est une position et ces formes que je fabrique sont l'affirmation de ces positions. Ces formes sont des jalons placés sur une trajectoire, un mouvement d'excitation et de précipitation.
Je travaille dans cette idée de l'art qui consiste à lier et délier, tisser, entrelacer ou défaire savamment, émietter, parcelliser, pulvériser la surface ou l'espace en une infinité de fragments qui finissent par faire masse.
Je rassemble ces fragments dans une sorte d'entêtement, mais un entêtement sans tête, venant des entrailles. J'invente des communautés de formes et je veux qu'elles soient des communautés d'égaux et qui se réunissent en un seul point, qui est la sculpture. Elles doivent laisser apparaître non plus une pensée réductionniste, mais une pensée mis à nue dans son foisonnement, embrassant une totalité inaccessible.
Comment donner forme à ce pullulement de la pensée, cet effet de fourmilière, de grouillement et de multitude, cette fébrilité ? La pensée serait ce qui viendrait perturber la forme et bousculer un ordre trop impeccable. Non point que celle-ci soit à considérer comme pur désordre, mais bien plutôt comme un ordre trop complexe, comme un enchevêtrement et une superposition de différents ordres lisibles si on les prend séparément, mais dont la lecture devient presque impossible lorsque tous ces éléments sont rassemblés en une seule forme.
Ce qui est en jeu, c'est finalement la complexité de la pensée prenant forme.
Et dans un même temps, j'invoque la radicalité du passage à l'acte pour exhorter cette rencontre de l'art et de la vie, d'Arès et d'Aphrodite; l'assertion violente du geste qui précipite et cristallise la pensée et la décision dans la forme.
Mon travail est le champ de bataille de cette guerre entre l'impérialisme de la forme, la toute-puissance de la pensée inéluctablement structurante et structuré et la tentation de l'illisible, de l'innommable et de l'indicible.
Yann Géraud, Février 2011.


Panic Raide, avec Georges Tony Stoll, 2008, Bois, peinture glycérophtalique, peinture acrylique, cire, film d’animation, inox 10/18, impression jet d’encre, carton, 980 x 400 x 240 cm